La bourse transmet le venin qui tue l’esprit d’entreprise.

Gérard Bardet

 

En 2020-2023 la dette mondiale atteint deux fois et demie à trois fois le PIB mondial, et de cette dette un tiers est à imputer aux États et deux tiers aux entreprises : oui la dette privée est le double de la dette publique.

Disons-le tout de suite : jamais cette dette ne sera remboursée ni par les premiers, ni par les seconds et cet état de fait est parfaitement connu dans les plus hautes sphères politique et financière. Pour des raisons évidentes, personne n’en parle pour autant puisque la conséquence de l’officialisation d’une telle nouvelle sur les marchés boursiers serait ingérable.

S’il fallait un argument autre que le niveau colossal de cette dette par rapport à la richesse que la planète produit pour vous convaincre, regardons vers les États-Unis. Là-bas, le taux d’emprunt hypothécaire à 30 ans monte à 7,09 %. Traduction : le marché financier US parie sur une augmentation de l’inflation à long terme. L’emprunt à 30 ans coûte plus cher que l’emprunt à 10 ans. Si l’inflation était normale et maîtrisée ce serait l’inverse.

Pour les experts, c’est inévitable : la dette mondiale est hors de contrôle, elle n’est pas remboursable et fera donc l’objet à terme d’un moratoire par anticipation avec effacement des dettes croisées, ou bien sans, s’effacera d’elle-même à coût de banqueroutes massives d’États et d’entreprises dans une prochaine crise sans précédent. La pression potentielle qu’elle exerce sur les coûts financiers futurs finit par entraîner une perte de confiance dans les monnaies, à commencer par le dollar qui prétend toujours servir au monde de monnaie de réserve, ce qui est devenu ridicule. ? N’en serait-ce pour preuve que le 10 août 2023 l’Agence de notation Fitch a réduit d’AAA à AA+ la note de crédit des États-Unis, une note qui devrait être certainement plus basse lorsque l’on sait que la dette public-privé américaine (93,5 trillions USD pour 32,6 trillions de dette publique et 60,9 trillions de dette privée) représente près de 63 % de la leur patrimoine public-privé (147,7 trillions USD).

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud…) ne s’y trompent pas et commencent à se concerter pour créer un marché mondial parallèle, où les contrats seront conclus dans d’autres devises que le dollar. Un des possibles scénarii de leur toute prochaine conférence en Afrique du Sud les 22-24 août 2023 serait une proposition d’une nouvelle monnaie de réserve concurrençant directement le dollar… Pour autant, s’ils épousaient pareille solution, ils ne feraient rien de plus que de créer un nouveau colosse au pied d’argile : la Chine, seule économie jusqu’ici crédible du groupe, connait une explosion de sa bulle immobilière qui met en danger tout son système bancaire, dont ses quatre banques systémiques mondiales, et entraîne déjà une hausse du chômage digne de l’Europe post-chocs pétroliers, qu’il faut coupler à une grave crise démographique.

Sur un autre thème, penchons-nous sur la pandémie de Covid-19 et quelques-unes de ces conséquences économiques et financières. Pfizer a réalisé grâce à son vaccin un chiffre d’affaires de 40 milliards USD en 2021 et de 100 milliards en 2022. Son cash-flow total, astronomique, est passé de 154 milliards de dollars en 2020 à 204 milliards en 2021, et les analystes tablent sur 264 milliards en 2022 (Challenges). Le vaccin, dont le prix de revient est d’un dollar et qui est vendu 15 à 19,50 USD, a été certifié dès 2020 dans l’Union Européenne, grâce à la diligence étrange d’Ursula Von der Leyen, sa Présidente : Les détails ultimes de sa négociation finale de ce contrat vertigineux sont cachés dans un échange de SMS entre elle et Albert Bourla, le Président de Pfizer. Des Eurodéputés comme Michèle Rivasi, Pierre Cartuyvels, Kathleen Van Brempt ont posé des questions écrites sans obtenir de réponse à ce jour, et au printemps 2021 le Premier ministre bulgare a révélé que Pfizer facturera plus cher à l’UE ses doses de vaccin sur les contrats à venir en 2022 et 2023. Une information confirmée, dans le courant de l’été suivant, par le Financial Times. « Pfizer a augmenté le prix de son vaccin Covid-19 de plus d’un quart […] dans les derniers contrats de l’Union européenne, tandis que l’Europe a connu des problèmes d’approvisionnement et des inquiétudes sur les effets secondaires des produits concurrents », écrivait le quotidien britannique qui détaillait ensuite le nouveau prix : 19,50 euros par dose de vaccin Pfizer, contre 15,50 précédemment. (Libé)

Conséquences de ces tractations opaques, la Médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a ouvert une enquête au sujet d’échange de SMS le jeudi 16 septembre 2021, et en Février 2023 le New York Times ose porter plainte contre l’UE pour… obstruction de la liberté de l’information !

Quand les profits d’une firme sur un seul produit atteignent une telle échelle, aucun gouvernement, aucun pouvoir législatif ne peut empêcher une explosion planétaire de la corruption…

 

Dès lors, comment en est-on arrivé là ?

Pour le comprendre il faut revenir à la conférence de Bretton-Woods de 1945.

À l’époque, Il était alors établi que, vu la formidable puissance économique et financière des États-Unis et plus encore leur richesse relative face au reste du monde, le dollar, convertible en or à taux fixe depuis sa naissance (Coinage Act de 1792) soit assez stable et géré avec assez de discipline pour servir de monnaie de réserve au reste du monde. Pour cela, les États-Unis s’engagèrent à ce que le dollar reste convertible en or au taux de 35 USD l’once fixé en 1932. Un système imposé par le plus fort face à la solution autrement plus équilibrée du bancor proposé par John Meynard Keynes et qui aurait lié les monnaies du monde dans un destin commun obligeant les États à la coopération monétaire au lieu de la concurrence délétère des monnaies que nous subissons encore aujourd’hui.

La première alerte eut lieu en février 1965. En application du traité de Bretton Woods, le général De Gaulle, alors président de la République, exige la conversion en or de 191 millions USD détenus par le trésor français. En cette année, votre serviteur est aux USA en mai pour la première fois de sa vie. Je prends de plein fouet, à Saint Louis MO, les sarcasmes des ingénieurs et cadres qui nous reçoivent, et qui m’expliquent que cela constitue une trahison de la France. Ce sont de futurs clients, et je me dois donc d’être courtois tout en essayant de comprendre ce qu’ils veulent dire, car le fonctionnement des marchés financiers et monétaires ne fait pas partie de ma formation de jeune ingénieur.…

Cependant sur le marché libre, l’or avait déjà atteint le cours de 100 USD l’Once soit le triple du cours officiel. Il était clair que De Gaulle était le premier à déclarer que l’empereur dollar était nu… l’Amérique, engagée dans une guerre du Vietnam ruineuse et impossible à gagner, était en même temps, disait-on, trop dépensière avec son projet de « Nouvelle Société » pour maîtriser la confiance en sa monnaie.

Le coup d’envoi de la financiarisation fut lancé en 1971, quand le Président Richard Nixon décréta unilatéralement la non-convertibilité du dollar en or. Cette même année, un illustre inconnu du nom de Klaus Schwab crée le Forum Économique de Davos. Nul ne sait le rôle exceptionnel qu’il va jouer, dans quelques décennies, dans la promotion de la financiarisation mondiale.

La première pierre en est posée dans le monde des années 70 : peu à peu, la séparation de la gestion de la monnaie et de la masse monétaire est abolie. Le droit de frapper monnaie, droit régalien, est remis en question. Une banque centrale doit gérer la monnaie nationale indépendamment du gouvernement. La masse monétaire ne peut augmenter que par l’emprunt. À l’époque, cela semblait conservateur, ça avait même un parfum allemand ou suisse… pour autant, aucun prophète de la finance ne salua l’événement en prêchant des lendemains qui chantent, sauf l’ultra-libéral Jacques Rueff qui passa à peu près inaperçu.

Ensuite, on assista, entre 1975 et 1987, à l’abolition progressive du Glass-Steagall Act qui aux États Unis réglementait sérieusement le marché boursier et l’industrie financière et bancaire depuis 1933, F. D. Roosevelt étant Président. Désormais, les banques pourront pratiquer en même temps les deux métiers de banque de dépôt et de banque d’affaires. Une situation définitivement confirmée par la création de Citigroup aux États-Unis en 1998 après la fusion de la banque Citicorp et de la compagnie d’assurances Travelers Group, donnant naissance à la plus grande organisation de services financiers au monde et entérinée providentiellement l’année suivante par le Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999. Dès lors, les dépôts du public seront utilisés comme garantie pour procéder à des opérations de très large crédit, par lesquels une entreprise cotée pourra racheter une autre entreprise en s’endettant (leverage) bien plus largement qu’auparavant.

C’est l’épargne du contribuable et du citoyen – votre épargne et la nôtre – qui servira à une domination capitaliste jamais vue jusqu’alors. En effet Karl Marx disait que, avec le capitalisme, les riches pouvaient exploiter les pauvres en contrôlant la propriété des moyens de production et, par voie de conséquence, de tous les moyens de vente, d’achat et d’investissements dont disposaient leurs entreprises. Désormais c’est directement les plus modestes dont l’épargne et même les comptes courants fourniront le pouvoir de leur propre exploitation ! Du jamais vu ! Marx n’y avait pas pensé ! Et le tout en créant de la dette privée d’entreprise abyssale et un gel des salaires qui entrainera ensuite l’endettement massif des foyers.

Sous l’administration de Ronald Reagan (1981-89) et aussi de Maggie Thatcher au Royaume Uni (1980-91) la financiarisation prend alors son grand essor. Elle est vigoureusement acclamée comme une révolution bienveillante et libératrice par tous les économistes et politiciens de la nouvelle religion, baptisée néolibéralisme ou néo-conservatisme. C’est sous le règne du premier qu’un certain Alan Greenspan inventa le Starve the beast, littéralement « affamer la bête ». Ce système ingénieux visait à privatiser les services publics en coupant les recettes publiques par baisses successives de l’imposition afin d’obtenir les faveurs électorales des électeurs, tout en dégradant le service public par manque de moyens. Lesdits électeurs qui finalement se plaindront de la mauvaise qualité desdits services publics aux abois et réclameront qu’on leur rende leur argent face à pareil résultat, entrainant de nouvelles coupes et baisses d’impôts, jusqu’à que mort du service public s’en suive pour laisser place à la privatisation, CQFD.

Et on assiste à la même époque en France a un merveilleux paradoxe : François Mitterrand, élu président de la République en 1981, après avoir laissé pendant deux ans son Premier Ministre Pierre Maurois tenter une expérience socialiste de la gestion de la France avec, notamment, une nationalisation provisoire des banques, va dès 1984 enfourcher la révolution néolibérale à l’occasion de leur reprivatisation sous la menace de Reagan. Car ce dernier ne supportant pas la présence de communistes au sein du gouvernement menaça la France de représailles économiques si elle choisissait une nouvelle dévaluation de sa monnaie par exemple pour soutenir ses réformes.

Puis, ce fut le décollage du Buyback : Avant 1982, une entreprise cotée en bourse n’avait pas le droit de racheter ses propres actions. Ceci, pour une raison évidente : au moment où quelques décideurs discutent de la date à laquelle cette offre de rachat va devenir publique, ainsi que du prix et des termes de ce rachat, la nature de la décision est forcément confidentielle. Pendant la période de cette étude, les décideurs commettent donc un délit d’initiés, puisqu’ils sont informés du projet quand les autres actionnaires ne le sont pas… En 1982 la Stock Exchange Commission réintroduit cette liberté. Elle redevient légale en France en 1998, et dans l’UE en 2014. D’après Goldman Sachs, le volume des buybacks aux États-Unis a atteint 589 milliards USD en 2007, et 729 milliards en 2018, atteignant alors 72 % des dépenses en cash des entreprises du Standard & Poor’s 500. En France, avant la pandémie de Covid, le montant des buybacks avait déjà atteint le chiffre record de 2,75 milliards EUR dans le seul mois de septembre 2021. C’est autant de fonds qui ne sont pas consacrés à la recherche, à l’innovation, et plus particulièrement à la transition énergétique (en commençant par les économies et le stockage d’énergie), à la gestion efficace de l’eau, et à l’adaptation au changement climatique ; plus bien entendu les créations d’emplois qui en résulteraient.

Or, ce sont là les investissements absolument prioritaires pour l’Humanité : le niveau de la mer, stable depuis vingt-cinq siècles jusqu’en 1900, a monté de 200 mm depuis, pour atteindre 3,5 mm par an en ce moment. Or, 1 mm de plus du niveau de la mer, c’est 240 millions de tonnes d’eau qui était fraîche et qui est devenue salée …

La rémunération des dirigeants par stock-options a des origines plus anciennes. Elle fut proposée dès les années 50, dans des start-ups dites de haute technologie. Mais la financiarisation en changea complètement la dimension. La couverture de Fortune Magazine de septembre 2002 dénonce le système pour la première fois.

Le dirigeant d’une entreprise cotée qui aura activement dirigé l’entreprise et réussi le montage d’un délit d’initiés particulièrement rémunérateur sera récompensé lorsqu’il liquidera l’option dont il dispose par contrat sur la vente d’actions qui lui ont été accordées dans des conditions privilégiées. L’éthique de la financiarisation décrète que, comme on lui demande de trahir sa conscience et son sens éthique, il faut bien qu’il en soit rémunéré exceptionnellement. Méphistophélès n’aurait pas dit mieux.

 

Et maintenant, où allons-nous ?

Bon. Tout cela c’est le passé. Mais que va-t-il arriver maintenant ?

On appelle en général investissements verts les investissements qui vont être rendus nécessaires pour assurer la transition énergétique, la maîtrise de l’eau fraîche, et l’adaptation au changement climatique. De quoi parlons-nous au juste ?

De 500 milliards d’investissement par an, répond le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Au Comité Bastille, notre propre estimation pour la seule France est de 100 milliards par an. Il ne s’agit là que de la part exceptionnelle à très long terme (30 à 100 ans) de ces investissements qui seront naturellement complétés par des crédits commerciaux et de trésorerie courants, à court et moyen terme, dont je ne parle pas ici. Mais sur une planète déjà endettée bien au-delà du raisonnable et de ce qui est considéré comme financièrement viable, d’où viendra cet argent ?

Il est temps ici de parler de la fortune réelle de la planète.

Si on considère les actifs financiers du monde, leur valeur est fixée par les marchés boursiers.

Comme la santé exceptionnelle de ces marchés nous fait croire à une fortune planète Terre du même ordre de grandeur que la dette, on pourrait s’imaginer qu’on peut de nouveau financer le très long terme par émission d’actions ordinaires dans les entreprises qui vont entreprendre cette colossale conversion. Mais c’est une erreur : la valeur de ces actifs financiers est très largement surévaluée. Elle est maintenue par la spéculation courante à un niveau ultra-optimiste, précisément pour faire encore semblant de justifier l’accroissement systémique de la dette.

En novembre 2021 Sud-Ouest publiait :

Une récente étude américaine montre que depuis le début des années 2000, la richesse amassée dans le monde a triplé. Une évolution paradoxale, tant elle ne semble profiter ni aux États, ni à l’économie.

En vingt ans, la richesse amassée dans le monde a été multipliée par trois. C’est ce qu’avance une récente étude du cabinet international d’analyse financière McKinsey. La richesse serait passée de 156 000 milliards de dollars en 2000 à 514 000 milliards de dollars (soit 453 607 milliards d’euros) en 2020. Elle atteint aujourd’hui six fois la valeur du PIB mondial.

Alors que la dette ne fait que 2,5 à 3 fois le PIB mondial… Tout va t’il donc si bien ? Bien sûr que non. Mc Kinsey, cabinet international de management consultants le plus puissant du monde, prêche pour sa chapelle et participe à la propagande économique de Washington. On veut nous faire croire que nous sommes plus riches et moins endettés que nous ne pensons.

Ceci est encore aggravé par plusieurs grandes distorsions, voire illusions :

  • Les nations ou groupes portant la plus grosse part de la dette mondiale sont la Chine avec 40 000 Mrd USD de dettes ; les États-Unis avec 32 600 Mrd USD ; l’Union Européenne avec 14 000 Mrd EUR ; et le Royaume-Uni avec 9 000 Mrd EUR (trois fois plus que la France). Or, ce serait naturellement sur eux qu’on compterait le plus pour entreprendre ces investissements verts…
  • Le changement climatique aura l’effet le plus négatif sur les pays chauds. Or ce sont souvent les plus pauvres et les plus endettés.
  • La croissance de la population mondiale ralentit et devrait tomber à zéro à la fin du siècle. Malheureusement, en réalité, la population de l’Afrique continuera à grandir rapidement, pendant que le reste du monde connaîtra déjà une importante décroissance, donc un vieillissement de la population.
  • Une autre cause de distorsion est le mythe, généralement officialisé par la plupart des gouvernements, que « la » solution consiste simplement à taxer le CO2, comme si une taxation, c’est-à-dire une saignée de plus dans les cash-flows disponibles, pouvait financer le très long terme ; et comme si le seul CO2était considéré comme la cause, et non pas simplement un des symptômes, du changement climatique.
  • Enfin il y a le pire : l’évasion fiscale, qui entraîne environ 100 Mrd EUR de manque à gagner fiscal en 2021 pour le seul trésor français (dont 25 % de fraude à la TVA). En 2017, le Fonds Monétaire International estimait le chiffre mondial à 600 Mrd EUR par an. Ce chiffre de la fourchette très basse parce qu’étant seulement ce que l’on peut observer, n’a depuis que pu qu’augmenter…
  • Il est donc évident qu’il nous faut pour gérer l’économie mondiale, nature et environnement compris, un paradigme entièrement nouveau.

 

Le Comité Bastille en propose un qu’il perfectionne depuis 2010, en l’adaptant à un contexte qui s’aggrave.

En voici le résumé :

  1. Les États lanceront un moratoire sur la dette mondiale, aux termes favorisant les pays les plus handicapés par les taux d’intérêt imposés par les fonds vautours et parfois par le FMI.

Ceci imposera évidemment l’abolition du privilège exorbitant du dollar. Il faut que l’Europe à cette occasion prenne, enfin, son indépendance économique vis-à-vis de Washington, et sa distance vis-à-vis de sa politique étrangère.

  1. Création, d’une nouvelle monnaie de réserve (NMR), inspirée du projet de Bancor imaginé par John Maynard Keynes en 1945. Évidemment, cette véritable monnaie de réserve sera convertible dans un panier de commodités donnant sans doute une meilleure sécurité dans le contexte des formidables investissements verts à venir, sans le limiter à l’or pour éviter un effet inflationniste…
  2. Lancement d’un emprunt forcé au taux très bas mais fixe et positif auquel devront souscrire idéalement tous les individus – donc personnes physiques – dont la fortune convertie au cours de l’or dépasse 50 000 onces d’or, soit environ 100 millions USD au cours actuel. Mais évidemment il sera remboursable soit en NMR soit dans les éléments du panier de commodités… en pratique certains pays légiféreront pour rendre cet emprunt vraiment obligatoire. Certains préfèreront une souscription volontaire mais qui serait bonifiée par des avantages fiscaux ou sociaux dont chacun resterait maître. Pour les fortunes de moindre importance la souscription serait libre et volontaire.

La gestion de l’emprunt pourrait être l’occasion de créer une Caisse Mondiale des Dépôts et Consignations (World Credit Intermediation, Deposits and Consignments Fund) ainsi que l’avait fait Louis XVIII, en 1815, sur les conseils d’Emmanuel Corvetto, l’ancien ministre des Finances du directoire, pour libérer la France des dettes de guerre laissées par Napoléon.

Naturellement, ceux des pays qui décideraient d’une réforme fiscale de toute façon nécessaire, adopteraient la fiscalité proposée par le Comité Bastille, dont la fiscalité suisse est aujourd’hui la plus proche dans le monde, rendant ainsi obsolète les paradis fiscaux. Elle est fondée sur l’abolition progressive de tous impôts sur le revenu et leur remplacement à recettes fiscales égales par un impôt progressif sur le patrimoine (IPP) – l’actif net – des seules personnes physiques. La raison cruciale de cette mutation progressive est que tout audit fiscal est jusqu’à présent limité par la prescription fiscale de la fraude (2 à 5 ans suivant les pays). Une fraude à l’IPP, elle, est répétée chaque année dans chaque déclaration fiscale (bilan) du contribuable. On peut alors légiférer que la faute répétée sera frappée de peine d’autant plus sévère que son origine est ancienne (prison, confiscation des biens). L’optimisation fiscale n’a plus de sens. L’évasion fiscale devient très dangereuse, surtout que la complicité de fraude pourrait être aussi considérée par la loi comme entraînant les mêmes peines que pour les fraudeurs, plus aucun intermédiaire ne s’y risquerait.

Les entreprises des pays membres en arriveraient donc à ne plus payer d’impôts sauf taxe locale d’occupation du sol, ce qui sera un avantage précieux au moment où elles vont lancer les investissements verts visant à préserver sur la planète le règne vivant, dont nous humains, sans qui, de toute façon, aucune fortune n’existerait encore sous le soleil.

 

André Teissier du Cros

Clément Carrue