Mesdames et Messieurs les délégués,

Vous êtes bien placés pour savoir que L’Humanité est dans une impasse. Elle a formidablement amplifié un réchauffement planétaire qui est assez rapide pour que les écosystèmes nécessaires au maintien de la vie n’arrivent plus à se renouveler assez vite. L’Humanité, pour s’adapter elle-même à ce changement et pour mettre fin aux dommages qu’elle cause à l’ensemble du règne vivant, doit consacrer à sa conversion biocompatible et à une grande transition énergétique des investissements à très long terme.

Nous Comité Bastille estimons cet investissement à 15 000 milliards d’euros par an, avec un retour sur l’investissement à terme de 30 à 100 ans. Soit environ 2 000 euros par an et par habitant de notre planète.

Ces investissements vont être immédiatement bénéfiques en raison des emplois qu’ils vont créer. Entre 20 et 35 millions d’emplois nouveaux par an, de qualifications très diverses, mais toujours à une échelle locale : on ne pourra pas sous-traiter en Inde des travaux de reforestation au Brésil où en Australie, ou de construction d’une usine d’électrolyse alcaline pour production d’hydrogène au Sénégal…

Or la financiarisation qui est à l’œuvre depuis une cinquantaine d’années paralyse cette humanité par une dette mondiale qui au printemps 2021 s’élève à 300 000 milliards d’euros, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2017. Cette dette augmente automatiquement du fait du premier acte de la financiarisation qui fut d’interdire aux nations d’augmenter leur masse monétaire autrement que par l’emprunt ! Une masse monétaire qui doit pourtant bien augmenter avec la croissance de la population et des économies nationales. La course à cet endettement est menée par les États-Unis qui disposent du célèbre privilège exorbitant du dollar, lequel leur permet de s’endetter sans avoir à rendre de comptes. Cette machine infernale est cependant profitable pour une élite anonyme et souveraine, qui s’enrichit silencieusement sans payer d’impôts grâce aux lois d’optimisation fiscale qui sont un autre aspect de cette financiarisation. Cela est possible grâce a des statuts devenus légaux leur permettant de faire disparaître leur fortune grâce à son transfert à des Trusts et autres entités juridiques dont le bénéficiaire effectif ultime n’existe pas… Ceci est rendu encore plus facile en raison des lois de prescription de la fraude sur l’impôt sur le revenu qui prévalent dans le monde entier. Résultats : environ 20 000 milliards d’euros en actifs financiers échappent à toute fiscalité, chiffre qui augmente fatalement.

En conséquence nous proposons à votre Assemblée des Nations Unies de voter une recommandation à ses membres :

Le rétablissement des pouvoirs régaliens de chaque nation ou association monétaire de nations de gérer la masse monétaire nationale.

L’interdiction aux sociétés cotées en bourse de procéder à des rachats de leurs propres actions, qui sont la racine du délit d’initié ; de s’interdire la rémunération par stocks options, qui favorise massivement la destruction d’actifs réels au profit d’actifs virtuels non imposables ; et de mettre dans ses statuts un acte de gouvernance empêchant un écart de salaire entre le plus haut et le plus bas dans la même firme dépassant un multiple de 20. Exemple : salaire le plus haut de 1 million par an, et le plus bas de 50 000 par an.

Une transition mondiale de l’impôt sur le revenu vers l’impôt sur le patrimoine ou la fortune. Ceci en maintenant un revenu fiscal total constant par rapport au PIB. La Suisse est le pays le plus avancé dans cette transition. Nous remarquons que les investissements à très long terme provoqueront dans chaque pays une croissance de bonne qualité, puisqu’elle accompagnera une réduction permanente des dommages causés aux ressources naturelles vivantes ou inertes.

Un moratoire sur la dette mondiale que nous proposons de calculer comme suit :

Une abolition totale de la fraction de la dette résultant de taux d’intérêt de nature usuraire, avec effet rétroactif d’un taux d’intérêt standard de par exemple 1 % à l’histoire de la dette du pays.

Ensuite, abandon de 50 % de la dette de chaque nation, et rééchelonnement des autres 50 %.

Enfin, l’organisation d’une conférence mondiale visant à créer un nouveau système monétaire, qui pourrait simplement être inspiré des recommandations de John Maynard Keynes lors des accords de Bretton Woods, en 1944.

Je vous remercie de votre attention.

André Teissier du Cros